Pour quoi la gestalt thérapie ?

« La plus petite rencontre contient sa part explosive, qui fracture quelque chose en vous ». Claudie Hunziger, La langue des oiseaux

Gestalt.

Le mot est prononcé et vient un silence, des yeux qui s’agrandissent, un bredouillement : « qu..qu..qu’est-ce que c’est ? »

Alors je reprends mon bâton de pèlerin pour expliquer, rassurer, tenter de remplacer la méfiance par la réassurance, susciter peut-être - qui sait ? - la c

uriosité. Et l’expression du «bâton de pèlerin » n’est pas exagérée, tant il s’agit, en gestalt thérapie, de cheminer vers soi-même avec l’autre, tant, lorsqu’on parle de Gestalt, on parle de rencontre.

Alors commençons le voyage par le partage des mots, du sens des mots.

Gestalt est un mot allemand qui signifie forme. La gestalt thérapie est une sorte de thérapie qui s’intéresse à « ce qui prend forme » dans la rencontre entre soi et l’autre, entre soi et son environnement.

La/le gestalt thérapeute s’intéresse au processus qui se déploie quand vous allez vers votre environnement, que cet environnement soit votre partenaire, votre travail, vos amis, votre famille…

Comment prenez-vous contact ? Comment les autres vous impactent-ils ? Réside-t-il dans ce processus des souffrances ? Des répétitions ? Des impasses ?

Comment apparaissez-vous au monde qui vous entoure ? Avec élan, avec retenue voire crainte ? Et comment le vivez-vous ?

Dans cette thérapie du « comment » (comment fais je pour aller vers l’autre ? Par exemple, comment fais je pour dire toujours oui alors que ce serait plus juste pour moi de dire non ?…) et non du « pourquoi » (pourquoi suis-je comme je suis ? Pourquoi ai-je du mal à m’affirmer…), la/le gestalt thérapeute incarne une posture tout à fait singulière.

A la différence d’autres pratiques, elle/il ne se positionne pas comme expert, ou « sachant » - sur vous ou pour vous (poser un diagnostic, vous dire ce que vous devriez faire et comment) – mais comme cet.te autre qui chemine à votre rencontre et se laisse à sentir et ressentir comment : comment apparaissez-vous dans cette rencontre ? Qu’apportez-vous de vous dans la situation et participez ainsi à teinter l’ambiance ? Elle/il vous accompagne « pour de vrai » en quelque sorte : ne « joue » pas à être thérapeute, ne suit pas un mode d’emploi prêt à l’usage ; elle/il est avec vous, touché.e par votre façon d’être vous-même, à chaque instant, d’instant en instant. Et elle/il vous accompagne à y mettre de la conscience, à voir ce qui prend forme, ce qui se répète et que vous ne choisissez pas, « ça arrive », « ça se passe » et « ça » vous fait souffrir.

Dans la rencontre thérapeutique, soutenu.e par cette rencontre, vous allez pouvoir reconnaître ces répétitions douloureuses, par la prise de conscience vous allez pouvoir les comprendre et enfin les transformer.

Cette rencontre a lieu dans un cadre sécure, contenant et respectueux, où il est possible d’expérimenter, de donner libre cours à ses émotions et de découvrir ainsi de nouvelles possibilités d’être, choisies en conscience.

La gestalt thérapie est un pari sur la rencontre.

Toute rencontre - celle entre vous et la/le thérapeute aussi - est vertigineuse, déconcertante (du latin «certus » qui signifie fixé, sûr) en ce qu’elle ouvre un espace encore inconnu.

De cette rencontre, dans le trouble qu’elle crée, va émerger la possibilité d’opérer un mouvement vital, nouveau : une ouverture vers plus de liberté dans la manière d’être au monde, dans la relation aux autres, possibilité de choix, apaisement, mieux-être...

La Gestalt thérapie est un pari et, dans cette démarche même, un pari optimiste : la rencontre, authentique, ouvre au changement, en permettant plus de fluidité dans les relations avec son environnement.

Et se permettre de rencontrer l’autre, c’est s’ouvrir à la possibilité de se rencontrer soi-même, tant il est vrai que chaque rencontre est inédite et singulière, à chaque fois une nouvelle possibilité d’exister, car c’est à l’occasion de l’autre que je m’apparais à moi-même(1).

1– Jean-Marie Robine, S’apparaître à l’occasion d’un autre, L’Exprimerie, 2018